Quand on arrête l’alcool, le plus dur, c’est le regard des autres.

Vous allez le lire au travers ces témoignages. Ils racontent pourquoi ils ont mis du virgin dans leur mojito et quelles en sont les conséquences sur leur vie sociale.

N’en faisons pas une généralité, mais soyons conscients que s’éloigner de l’alcool a souvent pour conséquence de s’éloigner de certaines personnes, de certaines habitudes, et ce n’est pas grave.

Le maillage des relations sociales change, il se réduit pour ceux qui vous apprécient en surface, mais il va se développer avec ceux qui vous aiment profondément. Et pensez bien que vous ferez de nouvelles rencontres plus adaptées à ce que vous êtes vraiment.

Stanislas, 22 ans, prof et entrepreneur, Paris “Une amie a fait un coma éthylique violent”

Mon rapport à l’alcool

“Quand j’étais plus jeune, mes amis buvaient beaucoup, pour la plupart. Moi, je ne me suis jamais pris de grosse “cuite”. A l’époque, mon père faisait du vin donc on en buvait un peu à la maison, mais on n’a jamais eu la culture de l’alcool dans la famille. Ma mère ne boit d’ailleurs pas du tout.”

Pourquoi j’ai arrêté

“Il y a trois ans et demi, une amie a fait un coma éthylique violent. Quelques jours après, un copain s’est retrouvé en train de vomir entre mes jambes et est également tombé dans le coma. Ces deux événements se sont produits à deux semaines d’intervalle et ça a été le déclic pour moi. J’ai arrêté de boire juste après. Et ce d’autant plus que j’ai eu un scooter au même moment. Je ne voulais pas prendre le risque de conduire alcoolisé.
J’ai aussi arrêté pour des raisons économiques. Je fumais et ça me coûtait déjà 7 euros par jour à l’époque. Quand je voyais des amis qui dépensaient 150 euros en une soirée pour être mal le lendemain et recommencer le week-end d’après, je me disais que tout ça n’avait aucun sens et aucun intérêt.”

Les réactions de mon entourage

“Dans mon groupe d’ami·e·s, deux autres personnes ont arrêté de boire. Des femmes. J’ai remarqué que les hommes, eux, continuent à faire davantage d’excès. Mais je ne me suis jamais retrouvé dans le côté viriliste lié à la consommation d’alcool. Quand on me demande pourquoi je ne bois pas, je réponds simplement que c’est parce que je conduis et les gens n’insistent pas. Sans ça, ça aurait été plus compliqué, c’est certain.”

Lola, 27 ans, artiste, Toulouse “Mon rapport à la fête et au sexe ont changé”

Mon rapport à l’alcool

“Au début, j’avais une consommation mondaine et festive. J’étais comédienne et, dans ce milieu, les pots sont nombreux. Il y a environ deux ans, je me suis mise, peu à peu, à boire plus de six verres tous les jours. Le soir, je sortais parfois uniquement pour acheter des bouteilles. Je trouvais que c’était moins dangereux de boire seule chez moi. Je n’avais pas du tout besoin de la pinte du voisin pour me donner l’illusion que je n’étais pas alcoolique.”

Pourquoi j’ai arrêté

“Je me suis réveillée un matin, dans le lit d’un homme de 45 ans. Je me suis souvenue que nous avions eu un rapport sans capote car il n’arrivait pas à avoir d’érection avec. Habituellement, même ivre, j’arrivais à imposer le préservatif, j’en ai toujours à portée de main. Et s’il y a un problème, je cesse l’interaction sexuelle. Là, quelque chose a cédé dans le contrat que j’ai avec moi-même, et le facteur, c’est bien sûr l’insistance, mais aussi l’alcool. C’est suite à cela que j’ai cessé de boire.”

Les réactions de mon entourage

“Je pensais que mes proches allaient être encourageants, mais certains m’ont incitée à reprendre, en me reprochant d’avoir arrêté et en cherchant à me convaincre par des raisonnements absurdes. Je répondais à chaque fois différemment et ils semblaient dans une incompréhension totale. J’ai perdu des amitiés liées à la consommation d’alcool, et mon rapport à la fête ainsi qu’au sexe a changé. Mais si ne pas boire semble pour beaucoup un vœu de renoncement à la vie, c’est pour moi tout le contraire quand je fais le bilan de mon abstinence. Cela m’a surtout libéré beaucoup de temps, pour faire autre chose, pour trouver d’autres ressorts, d’autres moteurs.”

Alice, 28 ans, sans-emploi, Poitiers “Ne plus boire m’a coupée d’une certaine vie sociale”

Mon rapport à l’alcool

“Ado, j’ai été dans une relation abusive avec un garçon, qui m’empêchait notamment de fumer et de boire. De 14 à 20 ans, je n’ai pas consommé d’alcool. J’avais l’impression de passer à côté de quelque chose, notamment au sein de l’école de commerce que j’ai intégrée. Je disais que je n’avais pas besoin de boire pour m’amuser, mais j’étais exclue de la vie étudiante. Quand j’ai quitté ce garçon, mes colocataires m’ont emmenée boire ma première bière pour fêter ça. Je buvais de temps en temps, mais il m’arrivait d’avoir l’alcool triste et mauvais.”

Pourquoi j’ai arrêté

“Dans la famille de ma copine, avec qui je suis depuis deux ans, il y a pas mal de problèmes d’alcoolisme. Je me suis mise à m’interroger sur ma propre consommation. Quand j’ai vu les campagnes pour le Dry January [mois de janvier sans alcool, ndlr], je me suis dit : et si j’arrêtais moi aussi ? Cela faisait déjà quatre ou cinq mois que je n’avais pas bu d’alcool. Je compte rester abstinente au moins un an.”

Les réactions de mon entourage

“A l’automne dernier, je suis redescendue chez mes parents, qui habitent dans le sud-ouest. Mon père a sorti des bouteilles de vin de mon année de naissance et de celle de mon frère. Il a insisté pour que je boive. J’ai refusé, d’autant plus que je venais d’avoir mon permis. Pour lui comme pour plein d’autres gens, le vin ne compte pas. Mes amies proches, elles, s’en fichent. Mais ne plus boire m’a tout de même coupée d’une certaine vie sociale. J’ai eu plusieurs remarques à la fac. Les gens ne comprennent pas et insistent sans arrêt. Quand je dis que je vais arrêter de fumer, on me dit que c’est bien. Pourquoi n’ai-je pas les mêmes réactions vis-à-vis de l’alcool ?”

La vie sociale continue

En conclusion, c’est notre rapport à l’alcool qui détermine l’impact sur la vie sociale quand on arrête.

Il est primordial d’être informé(e) et prêt(e) à découvrir ceux et celles qui tiennent vraiment à nous. Une douce découverte qui permet de confirmer des intuitions tout en laissant partir ceux pour qui on ne compte pas vraiment, ou pire, ceux qui préfèrent l’alcool aux êtres humains qui les entourent.

Ce chemin réserve de belles surprises, soyez confiant(e).

La communauté sera toujours là pour vous


Les témoignages sont extraits d’un article paru sur NEON