Cet article, publié par Véronique Cloutier, animatrice, actrice et femme d’affaires québécoise, est une mine d’infos pertinentes et juteuses! Véro ne manque pas d’humour, son franc parler et sa réussite professionnelle et personnelle sont autant de raisons de la lire, de la découvrir et de se pencher sur son expérience de vivre 1 an sans alcool.

Ses raisons de débuter, ses questions, sa perception du défi, ses conséquences… Bref, ça se lit comme qui rigole et c’est drôle !

En revanche, ce caractère très volontaire, autonome et pragmatique constitue une personnalité particulièrement puissante face aux défis, nous n’en sommes pas tous là 🙂

J’ai cessé de boire de l’alcool durant un an

“Pas de panique! Je ne me suis pas transformée en soberista prosélyte, convaincue que la seule façon de vivre une vie pleine et épanouissante est de dire adieu à la dive bouteille.

La preuve? Le 1er janvier dernier, je ne me suis pas fait prier pour trinquer à la nouvelle année, après 365 jours sans boire une goutte d’alcool.

Oui, oui, 365 jours. Si quelqu’un m’avait dit que je serais capable de me priver d’alcool toute une année, je ne l’aurais pas cru. Et à en juger par les exclamations admiratives des gens qui m’entourent quand je leur ai annoncé que je faisais une croix sur le vin pour un an, je ne semble pas être la seule à entretenir une relation ambiguë avec l’alcool. Beaucoup m’ont dit à l’époque qu’ils seraient incapables d’arrêter ne serait-ce qu’une semaine. Je les comprends: j’étais pareille.

On aura compris que si j’ai décidé de me priver de vin durant un an, ce n’est pas parce que je buvais un verre à l’occasion.

En fait, c’est plutôt que toutes les occasions étaient bonnes pour boire: une journée difficile au bureau… ou une bonne journée, une chicane avec mon chum… ou une chouette sortie avec lui, une rencontre avec des amis… ou une soirée seule avec un bon roman. Je buvais pour me détendre, parce que je le méritais, parce que j’en avais envie, parce qu’on était vendredi, parce que j’étais fatiguée, parce que j’étais d’humeur festive.

Je buvais pour remplir un vide, je buvais pour déverser un trop-plein.

Et comme je suis plutôt, euh, intense (disons-le comme ça), je ne me contentais pas d’un verre de rouge ou deux. En fait, je crois que la SAQ a frôlé la faillite durant mon année d’abstinence. Je plaisante! Mais disons que mon compte en banque, lui, était moins dans le rouge.

Sortir du brouillard de l’alcool

Je voyais bien que j’avais un problème. Mais je me disais que ce n’était pas si pire que ça. Je ne buvais qu’en soirée. Il m’arrivait même de sauter un soir de temps en temps – après avoir bu une bouteille la veille… (Remarquez, ça avait de bons côtés. Je redécouvre des séries DVD que j’ai déjà vues mais dont j’ai oublié des bouts pour cause de trop de vino!)

Je me disais que je ne causais de tort à personne d’autre qu’à moi, puisque l’alcool ne me rendait pas agressive (à part envers mon ex, mais bon, ça ne compte pas: un verre d’eau aurait suffi à me rendre agressive envers lui). Je me disais que je ne risquais pas de causer d’accident sur la route, puisque je ne conduisais pas, etc. Toutes les raisons étaient bonnes pour ne pas arrêter.

Bref, j’étais dans le déni. Et ma vie n’allait nulle part.

Pas facile de cultiver des projets et de se livrer à des passe-temps agréables (collectionner les blackouts n’en fait pas partie…) quand on passe l’essentiel de ses soirées dans sa causeuse à boire du vin.

Et s’il n’y avait eu que ça. Mais il y avait aussi toutes ces nuits à mal dormir, tous ces réveils à être dans le brouillard, et surtout à me sentir honteuse et coupable. J’étais profondément malheureuse. Il fallait que ça s’arrête.

Ça s’est arrêté.

Une compulsion à la fois, arrêter l’alcool, la cigarette et…

Est-ce que ce fut difficile? À mon grand étonnement, force m’est d’avouer que non. J’étais vraiment décidée. Et puis, le fait d’arrêter de fumer en même temps (tant qu’à y être!) a facilité les choses.

Ma vie a-t-elle changé du tout au tout durant cette année? Au risque d’en décevoir plusieurs, la réponse est non. Il faut dire que je ne suis pas seulement intense, je suis aussi, comment dire, un peu compulsive. Je me suis donc mise à pratiquer le grignotage intensif. J’ai mangé mes émotions au lieu de les fumer ou de les boire. J’ai pris sept kilos. (Maudite intensité!)

Ma vie n’a donc pas effectué de virage à 180o, puisque j’ai changé une compulsion pour une autre. Mais, mais, mais… j’ai pris conscience de ce pattern, et je suis désormais capable d’y faire face, une compulsion à la fois. Avant, l’idée de perdre sept kilos m’aurait totalement paralysée. Après une année sans boire, je sais désormais que je peux y arriver. Je n’ai aucun doute à ce sujet. Et ce n’est qu’un exemple.

La modération aurait bien meilleur goût ?

J’ai appris durant cette année que j’étais forte. J’ai appris que tout partait de moi. Que je pouvais consulter tous les thérapeutes de la Terre, tant que je n’avais pas, moi, pris une décision, rien ne bougerait. Mais une fois la décision prise, just watch me! Et ça, ça me procure un immense sentiment de fierté.

J’ai la nette impression que je vais, tout au long des mois qui viennent, récolter les fruits de cette année sans alcool. Et que la récolte sera abondante. Je vous tiens au courant.

Et oui, j’ai réintroduit l’alcool dans ma vie. Un choix pleinement assumé. La différence est là: il s’agit d’un choix. Et la modération a vraiment meilleur goût: je peux jouir de tous les plaisirs du vin sans aucun des inconvénients. Le bonheur!

Et vous, votre relation à l’alcool vous cause-t-elle un problème?”

La question est posée ! Pensez-y un peu vous aussi.

Source