J’ai toujours été fière de penser que je prenais mes décisions seule et que je décidais de ce que je voulais dans ma vie. Je voulais habiter à Paris, ne pas avoir d’enfant ni me marier et avoir plein de tatouages. Maintenant j’habite Toulouse, je suis mariée, j’ai deux enfants et j’ai des tatouages et j’ai arrêté l’alcool !

Mais la décision qui a le plus changé ma vie et ma façon de penser a aussi été la plus difficile et compliquée à prendre. Je n’avais jamais envisagé ma vie sans alcool mais me voici, à 35ans, à vous écrire en buvant un Kombucha au lieu d’un verre de vin.

J’ai arrêté l’alcool pourtant je n’étais pas alcoolique !

“J’ai lentement mais radicalement changé d’opinion sur la place qu’avait l’alcool dans ma vie.”

Il y a deux ans, je ne sais pas exactement pourquoi ni quand, j’ai commencé à réfléchir à l’alcool, ses effets sur mon corps et sa place dans ma vie. C’était tout à fait inattendu pour moi et mon entourage. Je n’étais pas une grosse buveuse, 2 verres par jour et pas tous les jours comme ils disent. Plus des excès le weekend, ce qui par semaine dépassait la norme. Mais rien de bien dangereux me disais-je pendant des années.

Je pensais que seuls les alcooliques devaient se prendre en main. C’était pour moi la barrière à ne pas franchir. Pas question que je me retrouve à perdre mon job, mon indépendance. J’étais une buveuse sociale rassurée par le fait que tous mes amis faisaient pareil.

Je ne me suis jamais questionnée sur ces shots en soirée, ce verre de vin en rentrant le soir. Jamais je n’ai pensé que toutes ces bagarres avec mon mari ou ma famille étaient précédées par un ou deux verres. Je pensais que ma colère, mes angoisses et quelques épisodes dépressifs seraient diagnostiqués par un quelconque trouble du comportement, quelque chose de médical. Mais jamais pendant toutes ces années je n’ai pensé que mes habitudes de consommation pourraient être liés à tous ces problèmes qui surgissaient dans ma vie.

“Consommez l’alcool avec modération” Comme beaucoup d’autres je pensais que j’étais en sécurité.

La pandémie et des problèmes professionnels sont arrivés et progressivement, ce verre bien mérité à la fin d’une belle journée était devenu le seul soleil de la journée.

Une amie m’a confié un jour qu’elle réfléchissait à sa consommation d’alcool. Synchronicité ou non, je lui ai parlé de mes réflexions et avons toutes deux acheté le livre “Alcool Expliqué” de William Porter. J’ai été bousculée par ce livre qui explique très simplement tout ce que faisait une goutte d’alcool dans mon corps et mon cerveau.

Nous avons décidé de faire 30 jours. C’était en avril, le Dry January était déjà loin mais convaincues que notre réflexion valait le coup d’être écoutée. Nous avons tenu, ensemble, toutes les 2 les 30 jours.

Et puis, je n’ai pas pu arrêter d’arrêter de boire.
Le livre m’a ouvert les yeux sur l’alcool, je voyais d’un seul coup le monde avec un nouvel éclairage. Cette citation m’a particulièrement parlé :

“La vérité c’est que qui que vous soyez en tant que buveuse, ce n’est pas le vrai vous. C’est un vous de mauvaise qualité. C’est une personne fatiguée, irritable et trop émotive. Globalement c’est un vous pas très agréable.”

Depuis que j’ai lu ce livre, j’ai compris que quand je buvais j’étais une personne réduite.
D’autres livres m’ont également ouvert les yeux. « Le Bonheur inattendu de la sobriété » de Catherine Gray, « Toute honte bue » de Laure Charpentier et encore beaucoup d’autres mon montré la richesse et la profondeur de réflexion de beaucoup d’autres qui étaient passé avant moi. J’ai vite compris qu’être sobre ne voulait pas dire être seule.

Je n’ai pas arrêté du jour au lendemain. J’ai modéré pendant quelques mois, commandé des softs ou bières sans alcool au bar aussi facilement que de commander un verre de vin. Ma consommation était contrôlée comme on dit.

Mais un matin, je me suis réveillée en sueur, totalement angoissée alors que je n’avais bu que deux coupes de champagne la veille. Je me sentais déprimée, fatiguée, j’avais soif, mauvaise digestion. Je me suis recouchée toute la matinée, incapable de sortir le chien et de m’amuser avec mes filles. A midi j’ai pris un selfie avec un petit sourire narquois et je me suis jurée d’arrêter l’alcool et d’être un demi moi.

Cela fait maintenant 10 mois et une semaine que j’ai arrêté l’alcool.

Je ne suis plus du tout angoissée ni fatiguée.

J’ai retrouvé l’envie de jouer avec mes filles.

J’ai perdu 4 kilos.

Je dors correctement et je me réveille avec assez d’énergie et de motivation pour accomplir des choses qui m’intéressent.
Je pourrais vous citer encore plein de petits changements comme une meilleure relation avec mon mari et mes amies, mais il y en a tellement que je pourrais écrire un livre.

J’ai également compris ce que cela voulait dire d’être mise de côté par la société buveuse. Être une non-buveuse est un choix incroyablement difficile dans notre culture qui célèbre l’alcool et même l’abus d’alcool. Rendez-vous compte on dit de quelqu’un de saoul qu’”Il est bien là” ! Ce choix, il faut le faire pour soi, pour prendre soin de soi avec toute la curiosité, l’excitation et le courage d’un aventurier.

Parfois je doute de mon choix. “Comment ça ? Je ne vais pas boire de champagne au mariage de ma meilleure amie Virginie ?” Ça parait un peu drastique et extrême comme décision. J’aimerais un jour réussir à modérer et être OK avec ça.

Mais voilà Je ne veux pas vivre ma vie en étant juste OK. Je ne veux plus ces expériences désagréables qui m’amènent à angoisser et me réduit à un demi moi.
Je me sens bien depuis quelques mois. Quand j’irai au mariage de Virginie, je ne descendrai pas une coupe de champagne pour calmer mes nerfs. A la place, je prendrai ces émotions comme un cadeau que m’envoie mon corps, un message de joie, et de bonheur. Et je me souviendrai de tout, chaque moment exactement comme ils se sont passés.

La sobriété m’apporte tellement de positif qu’il est hors de question de retourner à mon mini moi. Je préfère la grande MOI.

Si vous lisez ceci en vous disant “je suis contente pour toi mais ce n’est pas pour moi”. C’est ok. Si vous pensez que l’alcool n’a pas d’impact négatif sur votre vie, je suis heureuse pour vous. Mais peut être que si vous m’avez lu c’est que vous êtes curieuse sur le sujet.